COLLECTIF BEAULIEU

Petit historique de l'échinacée

Basée sur les écrits de Paul Bergner.

Les tribus d'amérindiens vivant dans les plaines froides d'Amérique du nord ont fort probablement utilisé l'échinacée pendant des siècles avant l'arrivée des colons.

Echinacea angustifolia était l'espèce la plus utilisée par les diverses tribus (Cheyenne, Comanche, Crow, Dakota, etc), pour les indications suivantes(1) :

  • Morsures de serpents et d'araignées venimeuses (en interne et externe) ;
  • Froids, maux de gorge, toux (racine mâchée) ;
  • Rage de dent (tisane ou jus de racine) ;
  • Inflammation des gencives ou de la bouche (tisane ou décoction de racine) ;
  • Oreillons (en application externe) ;
  • Et bien plus.

H.C.F. Meyer fut le premier médecin à utiliser la plante aux États-Unis vers le milieu des années 1800. Les amérindiens lui enseignèrent son usage. Il passa ensuite son savoir au fameux professeur John King et au tout aussi fameux pharmacien John Uri Lloyd, qui propagèrent ensuite ce savoir.

Dr. Ellingwood décrit en 1919 une expérience que Meyer entreprit sur lui-même (1):

"Avec le courage de ses convictions, il s'injecta le venin d'un crotale dans l'index de sa main gauche. L'enflure fut rapide et monta jusqu'au coude dans les six heures qui suivirent. Il prit alors une dose du remède, y baigna l'organe avec beaucoup de soin, et partit se coucher. Au lever au bout de quatre heures, la douleur et l'enflure avaient disparus".

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Les homéopathes l'introduisirent dans leur matière médicale en début des années 1900 (première apparition - Clarke 1902). En 1930, de grandes quantités de racines étaient exportées vers Europe. Les Français achetèrent la quasi-totalité des récoltes américaines en 1937. Les Allemands (grâce au Dr. Gerhard Madaus et sa firme) démarrèrent ensuite les plantations locales. Les études détaillées de la plante en Europe s'en suivirent.

Echinacea angustifolia (Photo tirée du "Complete Felter's Materia Medica", 1922)

La fameuse école américaine de médecins éclectiques (fondée par Wooster Beach, puis reprise par John King et John Milton Scudder) l'utilisa intensivement pour les propriétés suivantes:

  • Dépuratif du sang : l'indication principale était pour les cas de "bad blood" c'est à dire littéralement "sang impur", un concept qui s'étend à la lymphe et au liquide extra-cellulaire. L'échinacée était utilisée pour purifier le sang et les liquides lymphatiques, et promouvoir l'excrétion des déchets dans les cas d'infections généralisées (septicémie), ou lorsque le système immunitaire était trop faible pour faire son travail correctement (ce qui s'exprime chez la personne par des abcès et/ou furoncles à répétition par exemple).
  • Antiseptique : pour freiner l'établissement et la propagation des bactéries.
  • En application externe sur les blessures et infections cutanées. Dr. Felter explique en 1922 que "au plus les tissus sont morts, au plus les décharges sont fétides, au plus l'échinacée sera efficace".

     

  • En interne pendant et après les opérations chirurgicales, en particulier pour les opérations sur abcès ou tumeur.
  • Antipyrétique : diminue la fièvre causée par les infections bactériennes, en stoppant le développement de ces bactéries.
  • Stimulant circulatoire et lymphatique : afin de favoriser la circulation sanguine, et de distribuer les globules blancs vers les endroits qui en ont besoin (ce qui va de pair avec ses propriétés immuno-stimulantes), et de favoriser l'élimination des déchets par circulation lymphatique.

Composants actifs et préparations

En simplifiant à l'extrême, l'échinacée contient deux types de composants actifs:

  1. Les isobutylamides, solubles dans l'alcool, qui provoquent la sensation pétillante sur la langue et l'effet sialagogue (salivation). On peut dire que la durée de salivation + la force du picotement = indicateur de la quantité des butylamides dans la plante.
  2. Les mucopolysaccharides, sucres complexes solubles dans l'eau.

Nous savons aujourd'hui que les deux types de composants sont responsables des effets immuno-stimulants.

Ce qui explique que l'extrait alcoolique soit aussi efficace que la décoction ou l'infusion à froid. L'extrait alcoolique ne contiendra quasiment que des butylamides, la décoction ne contiendra quasiment que des polysaccharides.

Les mucopolysaccharides ne sont pas digestes, donc ne pénètrent pas en circulation générale. Comment arrivent-ils donc à exercer leurs effets ? Une des théories les plus plausibles est au travers du système immunitaire gastro-intestinal. 80% de notre système immunitaire est situé autour de la zone gastro-intestinale afin de protéger ce port d'entrée majeur. Les polysaccharides pourraient, en rentrant en contact avec les plaques de Peyer (là ou sont localisés les lymphocytes protégeant l'intestin), stimuler l'immunité d'une manière générale.

Echinacea pallida (été 2012) – (en Bas de Beaulieu ?)

La teinture est très efficace, en particulier celle préparée à partir des racines fraîches. En deuxième choix, utilisez la teinture des racines sèches. La décoction de la racine sèche est moins active et arrive en 3ème position dans mes choix.

Les différents types

Trois grandes familles d'échinacées sont disponibles en graines :

  1. Echinacea purpurea : l'échinacée pourpre, la plus facile à cultiver, qui fleurit dès la première année. Elle ne produit qu'une petite masse de racines la première année, donc attendre la 2ème ou mieux la 3ème année pour la récolter ;
  2. Echinacea pallida : l'échinacée pâle, qui ne produit pas de fleurs la première année. Par contre elle produit des racines plus charnues, que je trouve moins "pétillantes" en bouche mais plus aromatiques.
  3. Echinacea angustifolia : plus délicate à cultiver, mais historiquement la plus prisée.

Les études modernes démontrent des effets similaires pour les différents types d'échinacées. Les amérindiens par contre, ainsi que les médecins éclectiques américains, ne juraient que par E. angustifolia.